Alors que la plupart des personnes se sentent soulagées, d’autres peuvent éprouver de la tristesse, du doute ou un mélange d’émotions lorsqu’elles décident d’avorter. Pour beaucoup de personnes, la décision d’avorter peut s’accompagner d’anxiété, même lorsqu’elles sont sûres de leur choix. Cette anxiété provient souvent de plusieurs facteurs, notamment l’exposition à la désinformation et aux fausses informations sur l’avortement.
Les discours sociaux, souvent dictés par divers agendas, peuvent déformer les faits et créer un climat de peur et de confusion. Les personnes peuvent être confrontées à des représentations inexactes de la procédure, de ses effets et de son impact émotionnel ou psychologique, ce qui engendre un stress et une incertitude inutiles. Ces inquiétudes peuvent prendre la forme d’inquiétudes exagérées ou totalement inventées concernant les risques pour la santé physique, la fertilité future ou le bien-être émotionnel à long terme.
Une autre cause fréquente de cette anxiété est liée à des expériences négatives avec des prestataires de santé ayant des biais. Les expériences où les personnes se sentent jugées, humiliées ou reçoivent des informations incomplètes ou biaisées peuvent engendrer une méfiance envers le système de santé. Elles peuvent alors se sentir vulnérables et méfiantes lorsqu’elles consultent de nouveaux prestataires, ce qui les rend inquiètes à l’idée de recevoir un soutien compatissant et objectif. De telles expériences peuvent avoir un impact durable, et rendre les interactions médicales suivantes, surtout celles aussi sensibles qu’un avortement, particulièrement anxiogènes.
Ce blog s’adresse aux prestataires d’avortement, que vous soyez médecin, infirmier(ère), sage-femme, agent de santé communautaire ou doula spécialisée, afin de vous transmettre les connaissances essentielles sur ce que devrait être un accompagnement centré sur la personne.
Le rôle du conseil dans les soins liés à l’avortement
Le conseil en matière d’avortement ne se limite pas à fournir des informations avant une procédure. Selon le manuel clinique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’avortement de qualité, il s’agit d’un processus interactif au cours duquel une personne reçoit volontairement le soutien, l’information et les conseils d’un professionnel formé. Cela se déroule dans un cadre propice au partage ouvert des pensées, des émotions et des expériences personnelles.
L’objectif du conseil en avortement n’est pas seulement de contrer la désinformation en fournissant des informations exactes, complètes et objectives, mais aussi d’autonomiser les personnes afin qu’elles puissent prendre leurs décisions en toute clarté.
Un accompagnement efficace doit aller au-delà de la simple transmission de faits ; il doit inclure :
- Clarification des idées fausses : aborder directement toute désinformation ou désinformation qu’une personne peut avoir rencontrée. Cela inclut la présentation de faits fondés sur des preuves pour briser les mythes et apaiser les peurs infondées.
- Présentation de toutes les options : s’assurer que la personne est pleinement informée de toutes les options disponibles, y compris la poursuite de la grossesse et l’adoption, sans contrainte ni jugement. Cela permet une décision réellement autonome.
- Explication de la procédure : donner une explication claire et empathique de la procédure d’avortement, y compris à quoi s’attendre physiquement et émotionnellement, pour réduire la peur de l’inconnu.
- Discussion des émotions possibles : reconnaître qu’une gamme d’émotions—telles que le chagrin, le soulagement, la tristesse ou la paix — sont normales et légitimes avant comme après un avortement. Les normaliser peut être extrêmement rassurant.
- Offre de soutien émotionnel : créer un espace sûr et bienveillant, où les personnes se sentent libres d’exprimer leurs inquiétudes, leurs peurs et leurs espoirs, avec une écoute active et des réponses empathiques.
En définitive, en fournissant des informations fiables et en favorisant un environnement de confiance et de soutien, le conseil en avortement vise à permettre aux personnes de faire des choix éclairés, alignés sur leurs valeurs et leurs circonstances. Cela contribue à réduire l’anxiété et à garantir que la personne fasse un choix qui améliorera son bien-être émotionnel.
Principes fondamentaux d’une communication efficace
Les séances de conseil en matière d’avortement, qu’elles soient en présentiel ou virtuelles, varient selon les organisations et les prestataires.Cependant, l’objectif principal est de permettre à la personne souhaitant avorter de se sentir à l’aise et informée afin qu’elle puisse prendre la meilleure décision pour elle-même.
À cette fin, la communication doit respecter les principes suivants :
- Confidentialité : il est crucial d’instaurer un environnement sûr, qui commence par la confidentialité. La peur d’être dénoncée est l’une des principales raisons qui pousse encore des personnes vers des méthodes d’avortement dangereuses. Chaque séance doit se dérouler uniquement entre patiente et prestataire. Cela garantit un cadre sûr et privé, permettant à la patiente de poser des questions en toute sérénité et de décider librement. Pour réduire l’anxiété, il est utile de fournir un aperçu du conseil en avortement, de son importance et du déroulement de la séance. Beaucoup de gens s’inquiètent d’être signalés, il est donc essentiel d’expliquer que les questions sur l’historique de santé et les dernières menstruations ne sont pas destinées à signaler, mais à aider le prestataire à comprendre leur état et à offrir des informations précises pour une prise de décision éclairée.
- Approche sans jugement : la neutralité est essentielle pour un accompagnement sans jugement. L’utilisation d’un langage non stigmatisant est encouragée, car certains mots d’origine anti-choix induisent la honte, reflètent des suppositions nuisibles et ne sont pas médicalement exacts. Un tel langage peut susciter la peur et influencer la décision de la patiente.
- Réponses complètes aux questions : vu l’abondance de fausses informations, sur l’avortement, il est normal que les patientes se posent des questions. Les prestataires doivent prendre le temps d’y répondre avec précision médicale, s’assurer de la compréhension et orienter, si nécessaire, vers des sites web fiables et médicalement exacts.
Développer l’empathie et la confiance avec les clientes
Les personnes souhaitant avorter sont confrontées à de nombreux défis, notamment le harcèlement des groupes anti-choix, les relations abusives, la gestion des grossesses difficiles et la désinformation. Face à ces obstacles, les prestataires de soins doivent offrir des soins empathiques et de soutien.
Développer l’empathie est essentiel pour la confiance. Les prestataires doivent créer un environnement sûr pour les clientes, en les rassurant sur leur sécurité, car les inquiétudes en matière de sécurité sont fréquentes chez les personnes souhaitant avorter.
Une communication ouverte et honnête sur l’ensemble du processus est également essentielle pour réduire leur anxiété. Plutôt que de minimiser l’expérience en disant qu’il s’agit simplement de « règles difficiles », les prestataires doivent expliquer que l’intensité de la douleur varie et que chaque personne peut la ressentir différemment. Cette transparence favorise la confiance, essentielle pour que les clientes partagent des informations précises sur leur situation. Cela, à son tour, permet aux prestataires d’offrir les options et les conseils les plus appropriés.
Soutenir les personnes souhaitant avorter dans leur prise de décision
La grossesse peut susciter diverses réactions, allant du choc et de la confusion au stress, notamment lors de la recherche d’un prestataire. La fermeture croissante des cliniques en raison de lois qui s’opposent aux droits reproductifs rend ce défi encore plus difficile.
Lors du conseil en avortement, les personnes souhaitant avorter ont besoin non seulement d’informations complètes sur leurs options, mais aussi d’un accès à des soins attentionnés. Les guider vers la méthode d’avortement appropriée est crucial, car refuser ces services peut entraîner des conséquences physiques et émotionnelles à long terme. La majorité des personnes qui choisissent d’interrompre une grossesse sont confiantes dans leur décision.
Par conséquent, lorsqu’une personne décide d’interrompre une grossesse, il est essentiel d’expliquer les différentes méthodes d’avortement et de recommander la plus adaptée. Les prestataires de soins doivent expliquer à quoi s’attendre pendant le processus et comment les contacter en cas de problème. Il est important de confirmer leur décision éclairée et de leur offrir un soutien tout au long du processus.
Le soutien se poursuit au-delà de la décision d’avorter. L’information et l’éducation post-avortement sont essentielles pour garantir que les services répondent aux besoins des personnes souhaitant avorter, y compris la fourniture de contraception pour prévenir les grossesses non planifiées. Les prestataires doivent aussi répondre à toutes les questions persistantes des personnes souhaitant avorter après l’intervention.
Si une personne choisit une autre option, il est important de l’orienter de façon impartiale vers des prestataires de confiance proposant d’autres formes de soins.
Lutter contre la stigmatisation et la désinformation
La stigmatisation liée à l’avortement est une perception partagée selon laquelle l’avortement est moralement répréhensible et/ou socialement inacceptable. Cette stigmatisation peut se manifester de trois manières :
- Stigmatisation perçue : les réactions ou jugements négatifs anticipés des autres une fois qu’ils apprennent la décision d’une personne d’avorter.
- Stigmatisation vécue : la discrimination réelle subie par les personnes souhaitant avorter de la part d’autrui, y compris de la part de professionnels de santé.
- Stigmatisation intériorisée : lorsqu’une personne souhaitant avorter intègre des expériences et des perceptions négatives dans son processus de décision. Cela conduit souvent à de la honte, de la culpabilité et à des retards dans la recherche de soins de santé, par crainte du jugement d’autrui.
Cette stigmatisation peut être renforcée par des prestataires de santé biaisés, qui imposent des attentes sociales et des jugements stigmatisants aux patientes lors des séances.
Les prestataires d’avortement peuvent lutter contre la stigmatisation en s’attaquant à ses causes profondes, comme la désinformation et la diffusion de fausses informations. Ils devraient sensibiliser les patientes à l’importance de poser des questions, de créer un espace sûr pour les échanges et encourager toute forme de questionnement. Il est également essentiel de maintenir un environnement de conseil neutre, en utilisant un langage non stigmatisant qui évite de promouvoir la honte.
Pour les personnes confrontées à des environnements fortement stigmatisants, fournir une liste de ressources fiables, médicalement exactes et étayées par la recherche peut être d’une grande aide. Ces ressources peuvent les guider dans la gestion de la stigmatisation et dans le traitement des informations négatives, en particulier celles liées à la stigmatisation intériorisée.
Conseils en milieux défavorisés ou fortement stigmatisés
Les conseils en matière d’avortement varient d’une personne à l’autre, en particulier dans les contextes fortement stigmatisés, comme les pays aux lois restrictives, les sociétés religieuses et les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans ces contextes, l’accès à des méthodes d’avortement sûres accompagnées d’un conseil est souvent difficile. Cela peut également limiter les prestataires d’avortement, dont l’accès est limité par la loi.
Cependant, des interventions de conseil pour les personnes souhaitant avorter confrontées à des obstacles financiers ou juridiques restent possibles, notamment à travers :
- L’encouragement des discussions de groupe : les échanges ouverts autour de l’avortement contribuent à le déstigmatiser et à le normaliser pour les personnes concernées.
- L’amélioration de l’accès à l’information : dans les pays où les lois sont restrictives, certains prestataires peuvent hésiter à parler ouvertement d’avortement. Dans ce cas, ils et elles peuvent orienter les patientes vers des ressources fiables qui proposent de l’information et des services de conseil, souvent à coût réduit ou gratuitement.
Apprentissage continu : améliorer les compétences en matière de conseil
La désinformation et les fausses informations concernant l’avortement persistent. Les tactiques anti-choix consistent souvent à diffuser des informations inexactes, comme l’idée que l’avortement pourrait être réversible, alors que de nombreuses études prouvent le contraire.
Pour y faire face, les prestataires d’avortement devraient privilégier des plateformes offrant des informations médicalement exactes et scientifiquement fondées afin d’améliorer la qualité des soins liés à l’avortement et leurs compétences en conseil.
La formation gratuite sur l’avortement médicamenteux pour prestataires, proposée par howtouseabortionpill en partenariat avec la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF), est recommandée aux prestataires souhaitant acquérir les connaissances nécessaires pour accompagner en toute confiance les personnes souhaitant avorter. Cette formation, disponible en plusieurs langues, délivre un certificat reconnu par la FIGO.
Cette formation en ligne gratuite couvre, en quelques leçons à votre rythme, un aperçu des soins liés à l’avortement, le fonctionnement des pilules abortives, ce qu’une personne peut attendre ou ressentir lors d’un avortement médicamenteux, ainsi que la manière de soutenir ce processus. Cette formation est adaptée à tout type de prestataire, même si vous êtes encore en formation.
La formation de conseil de safe2choose est une autre formation en ligne recommandée, complète et autodidacte, sur la santé sexuelle et reproductive. Elle offre une formation de qualité aux conseillères en avortement et propose une certification gratuite. Disponible en anglais et en espagnol, elle aborde des sujets essentiels tels que la stigmatisation liée à l’avortement, les connaissances en matière de santé sexuelle et reproductive, les outils de sécurité numérique et les soins personnels pour les conseillères.
Cette certification en ligne est conçue pour renforcer les compétences et les ressources des prestataires de soins liés à l’avortement, ce qui est essentiel pour améliorer la qualité du conseil en avortement.